Le monde de Lady Oscar
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L'ADULTERE : Les Polignac et Valois

Si l'adultère a existé de tout temps, il était toléré pour les maîtresses royales (comme Mme de Montespan et Louis XIV où le marquis de Montespan piquait des crises mais en vain. C'était lui qui était considéré comme ridicule par son attitude). Elles étaient distinguées par le Roi et surtout, elles tiraient avantage de leur position pour la famille. Ce n'est qu'à l'approche de la mort des Rois qu'elles avaient du souci à ce faire comme Mme du Barry, car l'Eglise appréciait à rappeler le Roi à ses devoirs moraux s'il voulait recevoir l'extrême onction. Elles étaient bien souvent chassées définitivement de la Cour (et elles devaient même parfois rendre les cadeaux royaux - bijoux, terres...).

 

Vers la fin de la Monarchie Absolue, cela change et l'adultère est plus que fréquent au sein de la noblesse. Il est "de bon ton" (à la mode). Aussi bien hommes que femmes ont des amants ou des maîtresses, et ne s'en cachent plus, alors même que Louis XVI et Marie-Antoinette (sur les débuts) étaient assez rigides sur le sujet de la moralité (cf. le film "Ridicule" de Patrice Leconte). En revanche, cela n'avait pas court chez la Bourgeoisie, et sous la Révolution les "citoyennes" avaient plutôt intérêts à être sérieuses.

 

Dans l'encyclopédie des Lumières à l'entrée "Adultère", l'article ne condamne plus la femme (ce qui était systématiquement le cas auparavant, même si c'est l'homme qui était en tort) et l'explique par le plaisir, la passion, etc. Bref ça peut arriver. Toujours dans l'Encyclopédie des Lumières, à l'entrée "Mariage" on émet rapidement l'idée de divorce après avoir élevé les enfants. C'est un fort changement de mentalité. La société de la fin de l'Ancien Régime ressemble un peu à ces civilisations qui sont tombées et qui ont d'abord été précédées par la disparition de la morale et de la famille. Elle se centre sur l'individu, le moi, l'argent et le pouvoir. Prendre un amant c'est décider, c'est aussi aller au delà d'une règle et donc avoir du pouvoir. A la fin des années 1700, l'adultère est courant, alors même que l'on prône le retour aux valeurs naturelles (la famille et l'allaitement d'un enfant, l'éducation d'un enfant par les parents eux-mêmes...).

 

Voici une carte que j'ai trouvé au Palais Royal de Suède et concernant les mouches sur le visage, ce qui est très éloquent quant aux moeurs de l'époque car une seule n'est pas aguicheuse ("je suis mariée", bien que...) :

 

 

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Avoir un amant pour un noble c'était :

- mettre du piquant dans sa vie (plutôt oiseuse),

- montrer sa puissance et sa capacité à séduire (ils avaient une peur bleue de vieillir et d'être écarté, et comme à 40 ans on était vieux...),

- monter son réseau personnel pour les intrigues, les informations ou les faveurs à prendre (assez moderne comme attitude),

- trouver des sources de revenus supplémentaires.

 

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Ex.: Mme de Polignac : elle avait des amants et c'est même vue inciter Marie-Antoinette à prendre un amant puisque le Roi ne se montrait pas à la hauteur : " voyons Majesté, tout le monde à un amant, moi par exemple!" lui dira-t-elle.

 

Ex : Jeanne de la Motte : un enfant naturel (= adultérin ou hors mariage) ou de Mme de Polignac avec Rosalie (non vérifié par l'Histoire). Mais gare à l'amant qui décède ! On comprend ainsi  la rage de Jeanne qui a eut un père qui a vécut peu de temps et qui n'a pas assuré la sécurité financière de ses enfants bâtards. La mère de Jeanne et ses enfants furent méprisés et chassés de la maison du père.

 

Si c'était une femme (comme Mme de Polignac), on se retirait dans ses terres (sa propriété) ou chez la famille pour accoucher discrètement, puis on confiait l'enfant à une nourrice de la campagne le plus souvent. Ce sont des intendants anonymes qui se chargeaient de donner une pension à la nourrice pour l'enfant  (quand ils le faisaient).

 

Le statut de "bâtard" à l'époque est terrible : aucun droit, ni même aucune existence reconnue. Les enfants sont inscrits à l'état civil sans père et ils sont privés de tout (pas le droit à l'héritage, moins de droits devant la justice, honte sociale, etc.). Lors de la Révolution, en 1790, le député Peuchet propose de supprimer « la bâtardise et ses effets », argumentant que ce statut heurte les droits de l'homme. Il obtiendra la requalification de "bâtard" en "enfant naturel" et peu de choses vont changer. Napoléon passe ensuite avec son Code civil de 1804 et un bâtard est un statut peu enviable. Il faut attendre 1972 en France, pour que la loi sur la filiation abolisse vraiment le statut de bâtard/enfant naturel et que l'enfant reconnu hors mariage puisse avoir les mêmes droits que celui né dans le cadre du mariage. Cela a permis aussi de légitimer les enfants nés d'unions libres.

 

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