Le monde de Lady Oscar
Le monde de Lady Oscar

Le symbole de la mort par la disparition dans l'eau

Un certain nombre de personnages créés par Riyoko IKEDA meurrent d’une bien étrange façon : ils disparaissent dans l’eau pour ne pas se résoudre à perdre un amour impossible.

 

De ces personnages sont exclus Joseph PONIATOWSKI, et d’une certaine façon Napoléon aussi, puisqu’ils sont historiques.

 

Ce type de mort n’est en rien occidental et j’ai trouvé un article éclairant sur la culture japonaise et le symbole de l’eau : 

« L'eau est une porte qui ouvre sur les fantaisies de l'imagination. Elle permet, en quelque sorte, de rendre visite à l’inconscient. […] Grâce à la rivière, nous sommes purifiés ou connectés au domaine des morts, tandis que nous chassons les peines infligées par la Psyché.

 

Le professeur Jacques Bethemont, professeur français de géographie, aussi spécialiste de l'eau, considère par exemple que "l'eau absorbe l'homme et la femme en un tout. Un océan empli de la possibilité de vie et dont jaillit l'immortalité »

 

Et c’est bien cette bien cette sensation que l’on ressent à chacune des morts des personnages suivants :

 

 

 

La Jeune fille de la Demeure des Roses

 

Condamnée par la maladie, elle s’éprend de Kenichiro après qu’elle l’avoir vu par la fenêtre de sa chambre (ce qui n’est pas sans rappeler la malédiction de la  Fenêtre d’Orphée). Elle lui déclare sa flamme et essaie de l’entrainer avec elle dans l’eau. Repoussée par Kenichiro, elle s’enfonce sciemment  dans l’eau pour ne pas se résoudre à renoncer à cet amour.

Il en va de la même avec la trame de « Lilou à Canterbury ».

 

L’énigmatique Olivia, jeune fille condamnée aussi par la maladie dans un château quasi abandonné, apparait régulièrement à un jeune homme, Samuel, dont elle est tombée amoureuse. Elle tente de l’emmener avec elle dans les flots pour vivre ensemble. Là encore, repoussée, elle persévère à entrer dans les flots et disparait emportant avec elle cet amour non partagé.

 

 

Plus récemment, dans la Fenêtre d’Orphée, Alexei (Klaus) pourrait simplement mourir par balles comme c’est le cas pour Oscar et André dans La Rose de Versailles.

 

Mais non, il tombe et s’enfonce dans l’eau en pensant à l’amour qu’il voue à Julius (et à la Russie) qu’il ne veut pas perdre.

 

Quant à elle, traumatisée, elle devient amnésique. L’amour des deux n’existe donc plus dans le monde réel. Alexei l’a emporté avec lui dans l’autre monde (celui des morts). 

 

 

Toujours dans la Fenêtre d’Orphée, Jacob (le serviteur), fou amoureux d’Annelotte, se suicide là encore en s’enfonçant dans l’eau (il saute d’un Pont) emportant ainsi le trésor du Tsar avec lui et surtout l’amour impossible et non partagé de celle qu’il a toujours adorée et protégée.

 

 

 

 

 

Dans la Promesse brisée (une histoire dérivée de la Fenêtre d’Orphée), Anton meurt aussi en s’enfonçant dans les eaux (la glace cède sous ses pas) et toute sa pensée va à son amour maudit qu’il a porté à la belle Ingrid et qui l'a conduit à l'impensable (enlever son fils pour l'élever comme le leur).

 

A l’inverse, quand l’amour est partagé, même s’il est impossible, Riyoko IKEDA n’utilise pas l’eau.

 

Oscar et André meurt de la même mort (par balles) et se rejoignent.

Marabelle et Wolf, dans Courage (une histoire dérivée de la Fenêtre d’Orphée) s’aimeront toujours même s’ils sont obligés de se séparer devant l’ignominie (inceste fraternel).

Claudine (dans Claudine !) se suicide par balles car elle a compris que Selene ne l’aimait pas comme elle l’aimait (et pour d’autres raisons).

Dans Très Cher Frère, Rei se suicide aussi avec des médicaments devant l’attitude hautaine de sa sœur à qui elle voue une adoration incestuelle. A sa mort, sa sœur lui crie son amour aussi = un amour partagé (et sans amnésie !). 

 

Un très bel article dans Wikipédia (et oui, Wikipédia) explique l’un des signes eau qui résume à lui seul ce qu’IKEDA transmet par la mort particulière des personnages ci-dessus enchevêtrés dans des amours auxquelles ils ne renonceront jamais, ni de leur vivant, ni dans leur mort : 

« 

Le caractère est synonyme de ? qui s'écrivait à l'origine ? : une main () qui s'agite dans un tourbillon () pour traduire l'idée de : S'enfoncer dans l'eau, disparaître.

La clef de l'eau marque qu'il s'agit à l'origine de la scène réelle (disparaître dans l'eau) et non du sens dérivé 歿 (mourir, se noyer). Le composant de caractère situé en haut à droite a eu une histoire mouvementée. Bien que le caractère n'a aucun rapport étymologique avec , il reste ainsi lisible comme la main () qui s'agite () dans l'eau ().

 

Jusqu’au bout, ils aimeront et feront signe à l’être aimé. Ils ne se sont pas résolus de leur vivant à renoncer à leur amour, ils n'y renonceront pas non plus dans leur mort.

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