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Julius est un jeune homme, benjamin d’une famille de 3 enfants issue de la haute noblesse allemande : Maria Barbara et Annelotte. En tant que mâle, il est l’héritier du patrimoine des Alensmeier (industriels allemands) au grand dam de ses demi-sœurs qui ne l’ont toujours considéré que comme un bâtard. En effet, Renate, la mère de Julius fut la maîtresse cachée de leur père, Alfred von Alensmeier. A la mort de son épouse, il rappelle cette femme et l’enfant de Francfort pour rejoindre la demeure familiale à Ratisbonne, créant jalousies et intrigues en tout genre.
Comme Oscar, Julius est en fait une femme obligée de vivre comme un homme pour des raisons familiales. Ici, il s’agit d’une vengeance de Renate. Humiliée puis abandonnée par Alfred von Alensmeier alors qu’elle attend un enfant –Julius), elle sombre dans la pauvreté et va élever la petite fille qui naît comme un homme. Elle espère ainsi pouvoir un jour récupérer l’héritage de cette famille puissante qui n’a pas d’héritier mâle. La supercherie fonctionne, aidée en cela par un escroc qui se fait appelé le Dr Jahn. Trop présent, trop menaçant et surtout trop insistant sexuellement auprès de Renate, Julius le tue avec une dague.
Si c’est son premier meurtre, ce n’est pas son premier coup d’essai : son père d’abord, qu’elle tente d’étrangler, Gertrude la servante avec une dague aussi ; plus tard dans la période Russie, elle prendra en otage une jeune fille de la noblesse, menacera par un couteau Véra, la sœur de Léonid Yusupov… bref, la colère sourde de Julius est une colère destructrice, alors que celle d’Oscar est plutôt protectrice même quand sa mère est menacée par Mme du Barry.
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Julius, comme Oscar là encore, est une bagarreuse et n’hésite pas à jouer des poings. En cours, elle s’est battue avec à peu près toute la classe, son « préféré » étant Maurice afin de défendre, encore et toujours, Isaac, perdu dans ses rêveries et sa passion pour la musique. Si elle est liée à ce dernier par la Fenêtre d’Orphée, il n’a jamais été question d’amour réciproque. Isaac l’aime du fond du cœur mais est incapable d’action ; Julius l’aime… comme un ami. Lorsqu’elle décide de partir à la recherche de Klaus en Russie, elle vient lui dire au revoir sans arrière pensée (Isaac lui avouera par un baiser ce qu’il ressent pour elle, se sera la seule fois, mais trop tard).
Plus polie qu’Oscar, son éducation est aussi plus visible dans son maintien de tous les jours et dans sa garde robe. Pourtant, comme notre héroïne avec Fersen, elle tentera d’être une femme au moins une fois dans sa vie pour séduire Klaus et se fera reconnaitre avec ses mains délicates (hors son rôle de Kriemhild).
La belle Julius, aux cheveux d’or et à la voix d’ange (elle est soprano), pose question à Isaac, Klaus, David mais aussi à toute la classe qui n’hésite pas à se moquer de ce côté féminin. Julius, comme Oscar avec le vin ou Rei avec les médicaments, essaiera bien de se détériorer le corps (utilisation des vapeurs de mercure pour modifier sa voix et la rendre plus rauque) mais abandonnera vite. Elle prendra soin d’elle jusqu’au bout. Si Oscar reste consciente et saine d’esprit jusqu’au bout, Rei sombre dans la folie (mélancolie qui la pousse au suicide) et Julius, après un premier effondrement mental (lors de la 2e représentation de l’Anneau des Nibelungen avec Isaac qui l’a renvoie à son amour pour Klaus), un deuxième effondrement mental (lors de son accouchement d'une petite fille morte-née), s’effondre psychiquement une troisième fois et plus fortement encore après l’assassinat de Klaus. Elle récupère ses esprits à la fin de l’histoire pour mieux mourir sous les coups de Jacob au nom de son amour pour Annelotte.
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La flamboyante Julius, jeune femme de 15 ans sous les traits d’un étudiant, découvrant l’amour, les trahisons familiales, la mort, la musique, l’engagement disparaît petit à petit dans la période Russie pour ne plus devenir que l’ombre d’elle-même. Seule, abandonnée, plaie béante de désespoir, traversée de cauchemars (transposition de son trauma vécu lorsque Klaus l’a abandonné en Allemagne), attendant son Klaus qui ne vient jamais ou si peu, affublée de robes et jouant à la petite épouse est d’un vide étrange. On attend son réveil, on attend qu’elle reprenne les rênes de sa vie, on attend que l’amour avec Klaus soit le si bel amour qu’a Oscar pour André : un amour partagé, sur le même pied d’égalité, engagé dans leur vie personnelle mais aussi pour la même cause, et une mort ensemble. Que nenni !!
Finies les années adolescentes où le rêve et l’espoir étaient encore permis. Place à la réalité cruelle et sans espoir. C’est glaçant. C'est pourtant dans ces moments là que l'image d'Isaac réapparaît. Loin de la Russie, alors célébrité européenne en tant que pianiste, son concert est retransmis à la radio russe. C'est grâce à sa musique, à sa passion et l'émotion qu'il y met, grâce aussi à ce qu'il représente que Julius recouvre une première fois la mémoire et sa santé mentale globale : l'homme stable, immuable même, sur lequel le temps n'a pas prise, l'Isaac de Ratisbonne, l'étudiant en piano qui a été au bout de son rêve et qui le concrétise (Julius court après Klaus uqi lui échappe sans cesse). Il fera vibrer aussi Klaus qui l'entend à cette même radio, en même temps que Julius sans le savoir. Isaac est comme un lien entre les deux...
Et que dire de Julius, encore et toujours confiante en son Klaus, pensant qu’il l’avait sauvé du massacre de la maison des Mikhailov et qui lui écrit une lettre en lui disant où elle se trouve : un piège qu’elle ne voit même pas. Klaus n’a pas pu lui trouver d’autre demeure décente que celle de sa grand-mère avec qui il était fâché alors que lui-même passe son temps caché dans des petits appartements de seconde zone. Elle est quasiment dans un palais avec des domestiques et pense que c’est Klaus (c’est le marquis Léonid Yusupov qui l’a sauvé et caché). Elle provoquera la mort de Klaus en l’attirant dans ce « palais » où l’attend l’armée du Tsar qui l’abat.
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La Fenêtre d’Orphée est cruelle… Lorsque Julius perd son enfant (accouchement d’une petite fille mort-née), Riyoko écrira que c’était la conclusion de la malédiction de cette Fenêtre : elle n’étreindra plus jamais Klaus (ce qui est vrai : elle l’apercevra avoir qu’il ne soit abattu sous ses yeux) et elle ne peut continuer à faire vivre leur amour dans le corps d’un petit enfant qu’ils auraient eu. Tout sera séparé, rien ne restera. Jusqu'au bout, et même en Russie, elle n'aimera jamais Alexei, mais Klaus ! et l'appelera ainsi à ses retours de mémoire alors que l'étudiant qu'il était a disparu à jamais.
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En même temps que s’éteint la malédiction de la Fenêtre d’Orphée avec la mort de Julius, s’éteint la malédiction sur la famille des Alensmeier. C’est Maria Barbara, la fille aînée et seule légitime, ainsi que la seule rescapée de la famille qui perpétuera d’une certaine façon le nom des Alensmeier…
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Il est à noter que la mort de Julius est semblable à celle de son amour éternel, Klaus : elle aussi disparaît de se monde en s’enfonçant dans les eaux de la rivière. Ses dernières pensées sont pour cet amour qu’elle retrouve, avec Klaus qui l’étreint. Cela rappelle la mort d’Oscar qui retrouve son André (tous les deux meurent aussi de la même façon : par balles).
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La mort de Klaus/Alexei est semblable à celle de Julius. C'est au même endroit qu'ils se retrouvent mentalement à leur mort (lieux, habits, temps…). Cela correspond au moment où Klaus saute du train pour retrouver Julius, juste avant de s’unir à elle, puis de repartir définitivement pour la Russie. C'était le moment où tout encore était possible...